“SOLA AUTEM NOS PHILOSOPHIA EXCITABIT”

« SEULE LA PHILOSOPHIE NOUS ÉVEILLERA »

Rationale enim animal est homo.

Lucius Annaeus Seneca

L’être humain est en effet un animal rationnel.

“IMPERARE SIBI MAXIMUM IMPERIUM EST”

« ÊTRE MAÎTRE DE SOI EST LE PLUS GRAND DES EMPIRES »

“Alexander Persas quidem et Hyrcanos et Indos et quidquid gentium usque in oceanum extendit oriens vastabat fugabatque, sed ipse modo occiso amico, modo amisso, iacebat in tenebris, alias scelus, alias desiderium suum maerens, victor tot regum atque populorum irae tristitiaeque succumbens. Id enim egerat ut omnia potius haberet in potestate quam adfectus. O quam magnis homines tenentur erroribus qui ius dominandi trans maria cupiunt permittere felicissimosque se iudicant si multas milite provincias obtinent et novas veteribus adiungunt, ignari, quod sit illud ingens parque dis regnum. Imperare sibi maximum imperium est. Doceat me quam sacra res sit iustitia alienum bonum spectans, nihil ex se petens nisi usum sui. Nihil sit illi cum ambitione famaque: sibi placeat.”

Lucius Annaeus Seneca – Epistulae morales ad Lucilium (113)

« Alexandre, assurément, dévasta et mit en déroute les Perses, les Hyrcaniens, les Indiens et toutes les races s’étendant depuis l’orient jusqu’à l’océan, mais lui-même, pour un ami tué dans un cas, perdu dans l’autre, fut jeté dans les ténèbres, affligé tantôt par son propre crime, tantôt par le regret de la perte  ; lui, vainqueur de tant de rois et de peuples, succomba à la colère et à la tristesse. Car il avait cherché à mettre toutes choses en son pouvoir, excepté ses émotions. Ô, combien ces hommes sont prisonniers de grandes erreurs, qui désirent étendre leur droit de domination au-delà des mers et ne se jugent pleinement heureux que s’ils contrôlent militairement de nombreuses provinces et en ajoutent de nouvelles aux anciennes — ignorant qu’existe un royaume immense et égal aux dieux. Être maître de soi est le plus grand des empires. Qu’il m’enseigne quelle chose sacrée est la justice qui se soucie du bien d’autrui, n’aspirant d’elle-même à rien d’autre qu’à l’usage de soi. Qu’elle n’ait rien à voir avec l’ambition et la renommée et trouve sa satisfaction en elle-même. »

Dans Ethique à Nicomaque, Aristote se demande s’il y a une oeuvre propre à l’homme. L’oeuvre du joueur de flûte, c’est jouer de la flûte, l’oeuvre du cordonnier, c’est faire des chaussures, mais y a-t-il une oeuvre de l’homme en tant que tel ? Il fait alors l’hypothèse selon laquelle l’homme serait peut-être né sans oeuvre, mais l’abandonne aussitôt. Pourtant, cette hypothèse nous conduit au coeur de l’humain. L’homme est l’animal désoeuvré ; il n’a aucune tâche biologique assignée, aucune fonction clairement prescrite. C’est un être de puissance qui peut sa propre impuissance. L’homme peut tout mais ne doit rien.

Giorgio Agamben

http://www.telerama.fr/idees/le-philosophe-giorgio-agamben-la-pensee-c-est-le-courage-du-desespoir,78653.php

Platon-Nietzsche. L’autre manière de philosopher

« Lire les Dialogues de Platon avec en tête les questions soulevées par Nietzsche m’a fait saisir en eux une force et une étrangeté usées par des myriades d’interprétations. Vérifier combien Nietzsche “platonise” m’a permis de percevoir une pensée qui, par-delà Oui et Non, accumule hypothèses et points d’interrogation. Ce livre tente d’expliciter une évidence jusque-là souterraine : la parenté existant entre leurs manières de philosopher. Qui réduit leurs philosophies à un ensemble de doctrines peut seulement voir ce qui les oppose : pensée du devenir contre métaphysique de l’être, interprétation contre recherche dialectique de la vérité, corps pensant contre corps tombeau, la liste n’est pas close. Pour mettre en question ces oppositions, il fallait rappeler que penser est pour eux une aventure, une pluralité d’expériences joyeuses ou pénibles ouvrant sur des chemins à explorer. La méthode du contrepoint rigoureux, superposition de deux lignes mélodiques qui n’exclut pas les dissonances, était donc la plus indiquée. La mise en regard de leurs textes fait certes apparaître des renversements, mais surtout des échos ou des chiasmes.

Le Socrate “musicien” qu’était Platon et le Dionysos “philosophos” dont Nietzsche se disait le disciple sont les figures croisées d’un philosophe que l’un invente et l’autre réinvente – d’un philosophe qui, ni métaphysicien ni anti-métaphysicien, est capable d’interroger impitoyablement comme de chanter au-dessus de la vie. Cette autre manière de philosopher est, peut être, ce dont la philosophie a aujourd’hui besoin. »

Monique Dixsaut

http://www.fayard.fr/platon-nietzsche-lautre-maniere-de-philosopher-9782213682624

            Divisez le genre humain en vingt parts : il y en a dix-neuf composées de ceux qui travaillent de leurs mains, et qui ne sauront jamais s’il y a un Locke au monde ; dans la vingtième partie qui reste, combien trouve-t-on peu d’hommes qui lisent ! Et parmi ceux qui lisent, il y en a vingt qui lisent des romans, un qui étudie la philosophie. Le nombre de ceux qui pensent est excessivement petit, et ceux-là ne s’avisent pas de troubler le monde.

Voltaire

ABUS DES MOTS

Les livres, comme les conversations, nous donnent rarement des idées précises. Rien n’est si commun que de lire et de converser inutilement.

Il faut répéter ici ce que Locke a tant recommandé : Définissez les termes.

Voltaire

« Les prétendus sauvages d’Amérique sont des souverains qui reçoivent des ambassadeurs de nos colonies transplantées auprès de leur territoire, par l’avarice et par la légèreté. Ils connaissent l’honneur, dont jamais nos sauvages d’Europe n’ont entendu parler. Ils ont une patrie, ils l’aiment, ils la défendent ; ils font des traités ; ils se battent avec courage, et parlent souvent avec une énergie héroïque. Y a-t-il une plus belle réponse, dans les Grands Hommes de Plutarque, que celle de ce chef de Canadiens à qui une nation européenne proposait de lui céder son patrimoine ? « Nous sommes nés sur cette terre, nos pères y sont ensevelis ; dirons-nous aux ossements de nos pères : Levez-vous, et venez avec nous dans une terre étrangère ? »

Voltaire – Essai sur les mœurs et l’esprit des nations

Why On Earth Should Anyone Study Philosophy ?

Daniel Johnson

(http://www.standpointmag.co.uk/node/6632/full)

At the Existentialist Café: Freedom, Being and Apricot Cocktails

Sarah Bakewell

(http://www.newstatesman.com/culture/books/2016/09/philosophy-sartre-blend-uncovering-birth-existentialism)

I Used to Be a Human Being

Andrew Sullivan

(http://nymag.com/selectall/2016/09/andrew-sullivan-technology-almost-killed-me.html)

Clown Prince of the Revolution. On Slavoj Žižek, a new kind of leftist thinker

 Roger Scruton

(http://www.city-journal.org/html/clown-prince-revolution-14632.html)

Heidegger Was Really a Real Nazi

Adam Kirsch

(http://www.tabletmag.com/jewish-arts-and-culture/books/214226/heidegger-was-really-a-real-nazi)

Divine Indigestion. The endlessly fabulized American self

Jonathon Sturgeon

(http://thebaffler.com/salvos/foer-franzen-sturgeon)

How Do You Say ‘Email’ in Yiddish ?

Joseph Berger

(http://www.nytimes.com/2016/10/05/arts/how-do-you-say-email-in-yiddish.html)

American Philosophy: A Love Story

John Kaag

(http://www.bookforum.com/review/16676)